Crise du COVID 19 à la Réunion

La crise du COVID 19 frappe également l’île de la Réunion, elle accentue les inégalités déjà marquées et met en exergue les dérives d’un système politique et économique dévoyé et corrompu qui profite à une minorité de privilégiés avec la passivité complice de la puissance publique.

Déjà que le niveau scolaire est particulièrement mauvais avec la moitié des jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme et un taux illettrisme record de 21% soit trois fois plus que la moyenne nationale, le ministre de l’éducation nationale nous apprend que le taux de décrochage scolaire attend les 15 à 25% outre mer à comparer avec les 4% en métropole. Avec un taux de chômage de 25%, un taux de pauvreté de 38% très supérieur à ce qu’on peut observer en métropole, une grande proportion des réunionnais ne survivent que grâce aux aides sociales. Cette grande précarité entraîne une exclusion numérique qui est davantage liée au faible niveau d’éducation qu’à l’accès à internet comme le montre cette étude de l’INSEE. Il est évident que cette crise va creuser davantage les inégalités en terme d’éducation.

Par ailleurs on découvre que la Réunion est sous dotée en structures d’accueil pour personnes âgées normalisées type EHPAD, elle en compte proportionnellement trois fois moins que la moyenne nationale. De fait les pensions dites « marrons », par allusion aux esclaves marrons (fugitifs), prospèrent sur l’île. Ce sont des structures qui accueillent, moyennant finance évidemment, les personnes âgées en dehors de tout cadre légal, sans obéir à la moindre norme et vivent leur vie à l’écart de tout contrôle sanitaire et social ! On estime qu’il y en aurait une centaine sur l’île, les valeurs et l’entraide familiale intergénérationnelle se désagrégeant petit à petit, beaucoup de réunionnais n’ont aucun scrupule à placer leurs « gran’mouns » dans ces établissements qui ont pignon sur rue. Ils profitent d’une certaine complaisance de la puissance publique et de l’Agence Régionale de Santé locale, et ceci malgré les scandales retentissants qui défrayent régulièrement l’actualité locale. Ils illustrent malheureusement assez bien comment beaucoup de ces pensions marrons sont tenues et la maltraitance qui y règne. Cela illustre également bien la passivité complice de l’ARS local qui a jusqu’à présent totalement fermé les yeux sur le phénomène. Mais on ne pouvait pas attendre mieux de l’ARS qui s’est rendue complice du scandale de l’AURAR. Pour preuve dès 2018, l’ARS devait lancer une étude pour dresser un état des lieux des pensions marrons, fermer celles irrécupérables et accompagner les autres pour les mettre en conformité vis à vis de la loi. Depuis deux ans, même si un appel d’offre a été lancé, rien n’a été fait, cette incurie est d’autant plus scandaleuse en pleine crise COVID-19 car elle met en danger des populations.

On peut toutefois espérer que cette crise soit salvatrice et qu’une prise de conscience se fasse, d’un autre côté on peut également espérer que le virus épargne l’île, mais malheureusement dans ce cas on peut craindre que les choses continuent à suivre leur cours au grand dam de la majorité des réunionnais qui sont les dindons d’une vaste farce.

Pour aller plus loin, je vous renvoie vers mon mémoire sur les inégalités entre l’outre-mer et la métropole avec le cas particulier de la Réunion.

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