Leucose bovine à la réunion

On peut trouver dans le journal Libération de ce jour un article sur les ravages de la leucose bovine à la Réunion. La leucose bovine est une maladie qui touche une grande partie du cheptel des bovins réunionnais (81% des vaches laitières). Or selon une directive européenne et un arrêté national, le cheptel réunionnais aurait dû être abattu par mesure de précaution. Pourtant l’agence nationale de sécurité sanitaire en alimentation, environnement et travail (ANSES) a déclaré très officiellement que pour le cas particulier de la Réunion la maladie n’avait aucun impact sur l’homme et qu’elle ne justifiait pas l’abattage et la fin d’exploitation du cheptel. On peut s’étonner que la maladie soit considérée comme contagieuse et dangereuse sur le territoire continental européen et qu’elle perde toute dangerosité sur le territoire de la Réunion ! Ce cas précis illustre les différences de traitement qui peuvent exister entre la France métropolitaine et ses départements d’outre-mer, le droit commun n’est pas toujours le même. J’en profite pour vous renvoyer vers mon mémoire de Master 2 sur les « inégalités entre l’outre mer et la métropole avec le cas particulier de la Réunion » rédigé il y a peu qui développe ces différences de traitement.

Pour en revenir à la leucose bovine, face à la passivité des autorités, c’est le consommateur qui se révolte et boycotte les produits locaux. J’ai pu m’en rendre compte lors de mes vacances à la Réunion cet été, mon entourage familial s’ingénie à éviter tous les produits laitiers et la viande bœuf locale et la plupart des réunionnais font de même. Par conséquence la filière est tout simplement en train de s’effondrer. Les autorités font pourtant preuve d’imagination pour rassurer le consommateur, le préfet lui-même a récemment « rappelé l’excellente qualité des produits issus des filières bovines réunionnaises ». On veut bien le croire mais on s’étonne que le taux de mortalité soit deux fois supérieur à celui de la métropole et que les vaches ont une durée de vie 3 fois inférieure ! Gare également aux éleveurs qui se révoltent face à cette situation, deux d’entre eux ont été récemment exclus de la coopérative chargée de la transformation du lait pour avoir amené le problème sur la place publique de manière spectaculaire, cette exclusion les a privés de fait de tout revenu, les condamnant à une faillite assurée.

Bovins à la plaine des cafres

En l’absence de réaction des pouvoirs publics, on s’achemine doucement vers la fin d’une filière par faillite des différents éleveurs. A moins que la soudaine couverture de se scandale sanitaire dans les médias nationaux puisse faire enfin bouger les lignes.

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