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Pauvreté à l’île de la réunion

Je découvre dans le rapport 2020-2021 sur la pauvreté en France édité par l’observatoire des inégalités qu’il n’y a pas moins de 9 villes réunionnaises qui sont parmi les 20 villes de plus de 20000 habitants qui ont le taux de pauvreté le plus fort, dont cinq sont en tête ! On pourra retrouver ce triste classement par ici. Les trois premières villes sur le podium sont le Port, Saint-Benoît et Saint-Louis, elles comptent pas moins de 47%, quasiment la moitié, de leur population qui vit en dessous du seuil de pauvreté, c’est à dire avec un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian (1063€ pour une personne seule en 2018). Un classement similaire a été établi sur la base du nombre de personnes pauvres, on retrouve les grandes villes de métropole qui forcément comptent beaucoup d’habitants, on retrouve néanmoins les deux plus grandes villes de la Réunion, à savoir Saint Denis et Saint Pierre, à la place respective de 9ème et 20ème place et Saint Paul à la 18ème place.

Cela illustre le fait que quasiment 4 réunionnais sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. A titre de comparaison cette étude de l’INSEE nous dit que la Seine Saint Denis qui est le département métropolitain le plus pauvre, avait un taux de 27,9% de pauvreté en 2017 à comparer au 38,3% réunionnais, la moyenne nationale étant de 14,5%. Le seuil des 20 % des plus pauvres est même à 242€ à la Réunion alors qu’il est à 585€ en Seine Saint Denis (chiffres 2011) !

Habitat insalubre dans le cirque de Mafate

D’après une autre étude de l’observatoire des inégalités qui date de 2013, à la Réunion l’indice de Gini est à 0,53 (plus il est proche de 1, plus les inégalités sont fortes) à comparer au 0,31 de la métropole. En résumé la Réunion est à un niveau d’inégalités équivalent à celui de la France à la fin du XIXème siècle. Paris qui est le département le plus inégalitaire de métropole avec un indice à 0,5 reste moins inégalitaire que la Réunion. Car ce qui caractérise la Réunion est qu’elle est le département français le plus inégalitaire, elle détient le record national du plus grand nombre de redevables de l’impôt sur la solidarité et la fortune (ISF) et dans le même temps celui des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) ! Autres chiffres, 30 % des plus riches ont un revenu cinq fois supérieur aux 70 % les plus pauvres.

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Disparition de France ô

Dans l’indifférence quasi générale la chaîne consacrée à l’outre mer France Ô a disparu. C’était la seule vitrine de l’outre mer sur la TNT et sans doute de toutes les chaînes accessibles sur les différents bouquets de chaînes. On lui reproche sa faible audience, mais dans ce cas pourquoi supprimer France Ô et pas toutes les régionales de France 3 qui font exactement les mêmes chiffres d’audience !?

C’est une illustration supplémentaire du manque de considération de l’outre-mer en particulier par les pouvoirs publics. Pire encore c’est le reflet d’un inconscient collectif qui considère les outre-mer et leurs habitants comme des citoyens de seconde zone. Ces derniers subissent, de fait, une discrimination plus ou moins affichée en métropole. Le défenseur des droits Dominique Baudis l’a confirmé lors d’une audition en 2013 devant la délégation Sénatoriale à l’outre-mer. Cette discrimination est particulièrement sensible dans l’accès au logement, au crédit ou à l’emploi. Autre illustration de ces préjugés, il est malheureux de constater que quand un département métropolitain coûte plus qu’il ne rapporte à la richesse nationale on va parler de « solidarité nationale » alors que dans le cas de départements d’outre-mer on va parler d’assistanat au sens péjoratif du terme. Il existe ainsi un courant de pensée largement partagé considérant que les outre-mer coûtent cher et sont un poids dont la métropole devrait se défaire. Pourtant en 2013 le budget total pour l’outre-mer était autour de 22,4 milliards d’euros, rapporté aux quelques 1000 milliards de dépense de l’État, cela représente 2,2% du total pour 4% de la population totale française. La Fédération des Entreprises d’Outre-mer a montré que la Réunion recevait 5% de moins que la moyenne nationale par habitant. Par ailleurs, les dépenses d’investissement par habitant y sont inférieures d’un tiers par rapport à la métropole comme le souligne Victorin Lurel auteur du rapport au premier ministre sur l’égalité réelle outre-mer.

Pour en revenir à la disparition de France Ô, pour pallier à sa disparition, les ministères de l’outre-mer et de la culture ont sorti un pacte pour la visibilité des outre-mer qui liste 25 engagements pour garantir la visibilité des outre-mer au centre de l’offre de l’audiovisuel public et ont lancé un portail numérique. Malheureusement on peut douter de la valeur contractuelle de ces engagements, ce rapport a été signé il y a maintenant plus d’un an, la chaîne a disparu depuis plusieurs semaines et je n’ai pas repéré dans la grille des programmes un seul programme consacré aux outre-mer sur les chaînes publiques, et ce n’est pas le bulletin météo des îles qui va compenser, parce que personnellement la météo du jour à la Réunion je m’en moque un peu. On oublie pourtant que France Ô était le deuxième diffuseur de documentaires et dans le lot on trouvait d’excellents reportages dont la trace a totalement disparu du replay de FranceTV aussitôt la chaîne supprimée. La plupart vont tomber malheureusement aux oubliettes, heureusement quelques rares documentaires peuvent encore se trouver sur youtube.

Dans le lot, on peut trouver le scandale des enfants réunionnais arrachés à leur famille et exilés manu militari dans la Creuse.

Ou bien encore l’histoire oubliée des femmes envoyées au bagne en Guyane ou en Nouvelle Calédonie.

https://youtu.be/OOV91K8JKLQ

Il en reste pas moins que la disparition de France Ô est une perte inestimable pour ceux qui s’intéressent un tant soit peu aux outre-mer et ça ne va pas vraiment dans le sens du combat contre les préjugés tenaces qui existent au sein de la population métropolitaine sur les outre-mer et leurs habitants.

Crise du COVID 19 à la Réunion

La crise du COVID 19 frappe également l’île de la Réunion, elle accentue les inégalités déjà marquées et met en exergue les dérives d’un système politique et économique dévoyé et corrompu qui profite à une minorité de privilégiés avec la passivité complice de la puissance publique.

Déjà que le niveau scolaire est particulièrement mauvais avec la moitié des jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme et un taux illettrisme record de 21% soit trois fois plus que la moyenne nationale, le ministre de l’éducation nationale nous apprend que le taux de décrochage scolaire attend les 15 à 25% outre mer à comparer avec les 4% en métropole. Avec un taux de chômage de 25%, un taux de pauvreté de 38% très supérieur à ce qu’on peut observer en métropole, une grande proportion des réunionnais ne survivent que grâce aux aides sociales. Cette grande précarité entraîne une exclusion numérique qui est davantage liée au faible niveau d’éducation qu’à l’accès à internet comme le montre cette étude de l’INSEE. Il est évident que cette crise va creuser davantage les inégalités en terme d’éducation.

Par ailleurs on découvre que la Réunion est sous dotée en structures d’accueil pour personnes âgées normalisées type EHPAD, elle en compte proportionnellement trois fois moins que la moyenne nationale. De fait les pensions dites « marrons », par allusion aux esclaves marrons (fugitifs), prospèrent sur l’île. Ce sont des structures qui accueillent, moyennant finance évidemment, les personnes âgées en dehors de tout cadre légal, sans obéir à la moindre norme et vivent leur vie à l’écart de tout contrôle sanitaire et social ! On estime qu’il y en aurait une centaine sur l’île, les valeurs et l’entraide familiale intergénérationnelle se désagrégeant petit à petit, beaucoup de réunionnais n’ont aucun scrupule à placer leurs « gran’mouns » dans ces établissements qui ont pignon sur rue. Ils profitent d’une certaine complaisance de la puissance publique et de l’Agence Régionale de Santé locale, et ceci malgré les scandales retentissants qui défrayent régulièrement l’actualité locale. Ils illustrent malheureusement assez bien comment beaucoup de ces pensions marrons sont tenues et la maltraitance qui y règne. Cela illustre également bien la passivité complice de l’ARS local qui a jusqu’à présent totalement fermé les yeux sur le phénomène. Mais on ne pouvait pas attendre mieux de l’ARS qui s’est rendue complice du scandale de l’AURAR. Pour preuve dès 2018, l’ARS devait lancer une étude pour dresser un état des lieux des pensions marrons, fermer celles irrécupérables et accompagner les autres pour les mettre en conformité vis à vis de la loi. Depuis deux ans, même si un appel d’offre a été lancé, rien n’a été fait, cette incurie est d’autant plus scandaleuse en pleine crise COVID-19 car elle met en danger des populations.

On peut toutefois espérer que cette crise soit salvatrice et qu’une prise de conscience se fasse, d’un autre côté on peut également espérer que le virus épargne l’île, mais malheureusement dans ce cas on peut craindre que les choses continuent à suivre leur cours au grand dam de la majorité des réunionnais qui sont les dindons d’une vaste farce.

Pour aller plus loin, je vous renvoie vers mon mémoire sur les inégalités entre l’outre-mer et la métropole avec le cas particulier de la Réunion.

Randonnée de Takamaka à l’île de la Réunion

La randonnée de Takamaka sur l’île de la Réunion se situe dans le coin de l’île où la pluviométrie est la plus intense. Elle se caractérise par une descente vertigineuse le long d’une paroi abrupte au moyen d’une vingtaine d’échelles au milieu d’une végétation luxuriante dans une atmosphère forcément plutôt humide même en saison sèche. On se prend 700 m de dénivelé pour atteindre le lit de la rivière des marsouins qui est au pied du barrage hydroélectrique de Takamaka, donc autant dire que c’est non conseillé et plutôt dangereux et qu’il ne faut pas s’attarder dans le lit de la rivière. D’ailleurs une partie du parcours est non balisé et non entretenu, il faut vraiment se frayer un passage au travers de la végétation pour progresser. C’est une randonnée qui est plutôt technique et assez difficile qui s’adresse à des randonneurs aguerris et qu’il vaut mieux faire par temps sec.

La vidéo ci-dessous résume bien l’ensemble de la randonnée qui a été faite en juillet 2019 en pleine saison sèche et « froide ».

La première partie du parcours emprunte la piste forestière de Takamaka qui trace au milieu de la forêt primaire de Bébour.

Ensuite on descend le long du rempart abrupt en empruntant les échelles, la végétation est assez luxuriante on ne voit pas le vide alentour et ça évite d’avoir le vertige !

Après moult échelles et quelques passages plus ou moins délicats on accède à la rivière des marsouins. Ce jour là on a commençait sous le soleil et on a terminé dans le lit de la rivière sous la bruine avec une température en chute libre. Nos envies de baignade se sont vite envolées.

Vous trouverez par ici plus de détails sur la randonnée, à noter également la page sur cette randonnée sur l’excellent site randopitons.re où vous trouverez une compilation des meilleures randonnées et balades sur l‘île de la Réunion pour les randonneurs expérimentés comme pour les randonneurs débutants.

Randonnée le long de la rivière des roches à la Réunion

Je complète ma page sur les randonnées à la Réunion avec une randonnée le long de la rivière des roches. A vrai dire, c’est plus une balade qu’une randonnée, elle n’est franchement pas longue (moins de 5km !), guère sportive, mais tout son intérêt est de découvrir la rivière et son lit sculpté par la roche volcanique avec ses bassins propices à la baignade, ses cascades et des magnifiques orgues basaltiques. Ce n’est pas pour rien si la rivière est un haut lieu du canyoning à la Réunion.

Il existe un chemin de randonnée qui longe et surplombe la rivière au travers d’une végétation luxuriante.

Il est possible de se baigner dans plusieurs bassins, le bassin la paix, un autre grand bassin et le bassin la mer, ce dernier est certainement le plus beau et le moins accessible.

Voilà une vidéo qui résume tout cela